Aujourd'hui, je suis allée à la rencontre de trois grands noms : Jean-Pierre Naud photographe de métier, très impliqué dans la vie de cette merveilleuse matière qu'est la lave mais il est surtout le seul à avoir rédigé une chronologie sur l'histoire de la lave émaillée : en effet il n'existe pour le moment aucune publication dans ce domaine puis j'ai rencontré le grand sculpteur Thierry Courtadon et Jean Jaffeux l'artiste émailleur sur lave que j'admire.
Tout d'abord une petite visite de l'école d'architecture de Volvic pour se mettre dans l'ambiance accompagnée de Jean -Pierre Naud . Une grande salle pour la section
modelage - moulage se situe sous l'église et un bâtiment à côté est dédié à la sculpture et l'émaillage de la lave. Une très belle porte sculptée en lave de Volvic annonce l'entrée. Cette école
survit malgré les difficultés : elles ne sont que 2 proposant une section émaillage de la lave dans le monde , l'autre étant située en Italie. Nous avons pu échanger sur les recherches de
JP Naud en matières de transferts d'image, sur la durabilité de ce matériau, sur la création de cette école par la comte Chabrol qui possédait lui même des carrières de lave à Volvic, sur les
émailleurs installés sur l'îles de la Réunion, sur le nombre d'entre nous installés en France : probablement une centaine. C'était aussi l'occasion de lui montrer mes pierres de Menet
émaillées et autres expérimentations sur les gisements de lave. Apres avoir prit quelques photos il m'a demandé de revenir les montrer aux élèves lors d'une prochaine visite. Enfin, il a évoqué
son projet de grand évènement qui vise à promouvoir la lave émaillée...
Après cette entrée en matière, l'occasion était trop belle, je passais en voiture devant la gare de Volvic: "Atelier Thierry Courtadon". J'ai pu admirer l'espace d'exposition de l'artiste remplit de sculptures tellement monumentales même si elles ne sont en réalité que des maquettes ! L'artiste qui a réalisé ces incroyables performances a aussi évoqué ses projets de tissage de la lave ! j'aurai aimé en savoir plus mais le mystère perdure. Je suis repartie avec des étoiles plein les yeux et mes tant attendus blocs de lave pour lesquels j'ai moi aussi quelques projets "pépite de lave"...
Enfin je suis allée à la rencontre de Jean Jaffeux l'émailleur sur lave. Sur le mur, à l'entrée du jardin était fixée une belle enseigne en lave émaillée avec les fameux dégradés que j'avais repéré sur une de ses œuvres d' Art Sacré qui orne un mur de l'église romane d'Issoire. J'étais donc au bon endroit et j'allais enfin pouvoir rencontrer ce maître grâce aux bonnes informations de Sophie Matho une de mes professeurs émailleuse et Jean -Pierre Naud mon guide.
Le parc était discrètement agrémenté de lave et l'une d'entre elle indiquait l' exposition : l'atelier était à côté de la grande maison . A l'entrée un petit mot précisait de bien refermer la porte derrière soit. Une première salle bien chauffée exposait au sol ses laves émaillées et ses tableaux au mur. Je m'arrêterai alors en me disant que je ne devais pas aller plus loin sans la présence de l'artiste et ressortait pour le trouver mais impossible : il n'était ni dans le garage, ni dans la maison, ni dans le jardin , alors je revins à l'atelier en me disant que s'il m'avait oublié, je verrai au moins son travail. C'était magnifique : plus incroyable que ce que je m'étais imaginé. La première salle donnait sur une 2 ème qui exposait ses peintures et une multitude de petits formats de cartons soigneusement rangé dans des étagères avec des numéros..Je continuais à appeler mais toujours personne. J'entrais alors dans ce qui ressemble à l'atelier situé tout au fond : si je ne le voyais pas maintenant c'était fichu...J'appelais donc une dernière fois et une voix répondit enfin. Je ne voyais toujours personne... puis en regardant derrière la porte d'où semblait venir le son, j'ai vu un personnage tel celui d'un conte entrain de se réveiller en m'avouant " j' avais oublié notre rendez-vous..." Puis il a souhaité voir mon travail sur pierre de Menet émaillée alors je suis allée chercher ma lourde mallette dans ma voiture. Il semblait assez heureux de voir mon travail même si au départ il se demandait pourquoi je souhaitais lui rendre visite. Il y a d'autres émailleurs, pourquoi moi ? semblait-il dire... J'ai essayé de lui expliquer que je voulais voir et comprendre son travail que j'avais découvert par surprise et qui m'avait bluffé en technique ... Puis avec encore cette humilité, il m'a expliqué ce que je voulais tant savoir : comment il réalisait ses effets de dégradés. Je suis si heureuse ce soir de pouvoir coucher ses mots sur le papier. Avec une innocence , il a répondu en 5 min à mes questionnements les plus importants! Voilà pourquoi je voulais le voir lui et pas un autre. Ses œuvres sont un voyage dans l'art et dans les styles : on y note l'inspiration de Picasso, Matisse, Cézanne, Miro ...mais ce sont ses laves, même s'il ne veut plus l'entendre qui me touchent par leur simple présence. Ses cloisonnés retouchés à la couleur à peindre et griffés pour laisser apparaître le trait. Il dit préférer la peinture aujourd'hui, mais il faut croire que ce sont ses techniques picturales mis en lumière avec la technique de la lave émaillée que j'apprécie autant. Il a apparemment connu son heure de gloire lorsqu'il était émailleur sur lave à l'atelier Saint Martin de Riom, il réalisait alors de grandes tables selon son style. Aujourd'hui peu de personne viennent à lui et il n'expose pas ses œuvres hors de son atelier...
"Mais pourquoi ?" lui dis- je, "c'est tellement dommage !"Il me confiait et je le comprenais
qu'il ne savait pas faire, c'était pas son truc , que c'est la
création qui l'intéressait et j'ai vu dans son regard que ce devait être aussi pour des difficultés de déplacement. J'avais alors une grande envie celle de lui proposer
une exposition: je viendrais chercher ses laves émaillées et les lui ramènerai : il était d'accord, et pendant qu' il poursuivait ses peintures sur cartes, je repartais avec une de ses œuvres
sous le bras tel un trophée.
Quelle belle journée qui s'achève avec la soif de créer, une faim de loup et aussi avec un beau flash d'excès de vitesse mais pour la première fois : je m'en fous !
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grard-jaffeux (mercredi, 06 avril 2016 17:51)
merci de ce touchant témoignage sur Jean Jaffeux.
voir également le socle de la chasse au fond de l'église St Amable de Riom
avec toute la vie de St Amable et aussi les 14 métresxo,80 depuis Adam et Eve jusqu'à l'apocalypse
dans l'église ND de la route à Chamalière (avant le carrefour des quatre routes)
ou encore un autre style de jean à l'église de Vergheas dont les signes du zodiac derrière l'autel...
ou enfin les 6 grands panneaux dans le hall de la gare de Clermont...
sans compter les grands dessins d'enfants que Jean s'est efforcé de reproduire en lave
dans une cité de la région parisienne...On n'a jamais fini de faire le tour de ses 26.000 laves émaillées...